Domaine de Courbissac – L'élégance du Minervois à contre-courant
Dans le vaste paysage du Minervois, certains domaines tracent des sillons plus discrets, mais plus profonds. Courbissac fait partie de ceux-là. Repris en 2013 par Brunhilde Claux, après avoir été fondé par Reinhard Brundig, cinéaste allemand passionné de vins, le domaine connaît depuis une nouvelle impulsion. Brunhilde a fait ses armes chez Didier Barral, Thierry Allemand ou Leon Barral — rien que ça — avant de s’ancrer dans ces terres qu’elle magnifie avec une rare sincérité.
Sa philosophie est radicalement artisanale : “ne rien forcer, accompagner la matière sans la maquiller.” Le domaine est cultivé en bio, avec des pratiques proches de la biodynamie, sans pour autant en faire un argument. L’objectif est clair : retrouver la vérité du fruit, la vibration du lieu. Les sols sont travaillés au plus léger, les interventions minimales, et les rendements volontairement limités. La taille est sévère, les vendanges manuelles et parcellaires, car ici chaque parcelle a sa voix.
Les vignes se répartissent sur les plus hauts plateaux de l'appelation, au nord de Cesseras et La Livinière, à 300 mètres d’altitude, sur des terrasses argilo-calcaires parsemées d’éboulis calcaires, où le vent du Cers joue un rôle essentiel dans la fraîcheur des raisins. Ce sont des terroirs d’altitude, de fraîcheur retenue, qui permettent des maturités lentes et harmonieuses — un luxe dans le sud.
En cave, tout se joue sur la délicatesse et l’écoute. Aucune levure ajoutée, pas d’intrants, égrappage total, macérations douces, infusions longues, et élevages en foudres ou demi-muids, selon l’identité du millésime. L’usage du soufre est réduit au strict minimum. Les vins ne sont ni collés ni filtrés, comme un prolongement naturel de cette approche sans artifice. Résultat : des rouges d’équilibre, profonds mais digestes, à mille lieues des stéréotypes solaires du Languedoc.